Les XVIIème et XVIIIème Siècles.



Les Grands Explorateurs

Les explorateurs ont parcouru au siècle précédent des contrées inconnues. Ouvrant des comptoirs commerciaux dans les Indes Orientales et Occidentales, mais aussi en Afrique, l'Europe tisse sa toile autour d'elle. Alors que dans les Indes Orientales la richesse s'acquiert par négociation avec les populations locales (Chinois, Indiens), la découverte du Nouveau Monde annonce une vague de pillages et de massacres qui durera près de deux siècles.

Lors des deux siècles qui nous intéressent, l'Europe tâche de consolider son pouvoir et ses relations commerciales. La navigation s'avère très dangereuse, car les navigateurs avancent comme dans le brouillard, n'utilisant pas de cartes ou pire, des cartes totalement fausses dessinées par des cartographes qui n'ont jamais mis les pieds sur un navire. Le capitaine, qui garde jalousement les secrets de la navigation pour rendre les mutineries suicidaires, navigue à l'estime, se fiant à ses connaissances de l'endroit et aux remarques laissées par de précédents voyageurs dans leurs journaux de bord.

Les écueils, les tempêtes fréquentes dans les mers chaudes ne sont pas les seuls dangers rencontrés par les marins, car les maladies, scorbut, peste, choléra, fièvre jaune ravagent les rangs des matelots et plus encore des passagers qui restent dans l'atmosphère putride de l'entrepont. Il n'est pas rare qu'un tiers seulement des marins arrivent vivants au bout d'une longue traversée.



Le Commerce

Malgré toutes ces difficultés, la marine marchande reste une activité hautement lucrative pour les armateurs les plus chanceux. Des galions chargés de l'or des Incas et Aztèques rapportent aussi du nouveau monde du tabac, du sucre de canne, du cacao, du coton, de l'indigo et de nombreuses autres denrées qui se vendent à prix d'or à la cour d'Espagne. Trouver des recrues, par contre, devient difficile, car qui est assez fou pour s'engager sur une véritable tombe flottante ? La mer semble vouloir engouffrer les hommes qui s'y aventurent, lorsque le navire marchand n'est pas la proie des pirates ou des navires de guerre ennemis. La vie à bord est atroce, car l'eau croupit rapidement et la nourriture grouille de vers. Le commandement instaure sur le navire une discipline de fer, si bien que toute incompétence ou indiscipline est puni d'une suspention de solde, du fouet, ou même de la pendaison. Sur la plupart des navires anglais, qui sont obligés de faire des rafles pour trouver des matelots, cette discipline prend vite le visage d'une violence arbitraire.



La Marine de Guerre

Les conditions des matelots de la marine de guerre sont encore plus effroyables, car la discipline y est plus rude encore. Tous les capitaines de la Royale anglaise ont recourt à la "presse", une rafle organisée dans les villages de la côte. Les matelots de la marine de guerre savent que leur navire sera leur tombe et qu'ils ne pourront en descendre que par la planche, qui livre les morts enroulés dans leur hamac à l'océan impitoyable. Tout est prétexte au fouet, mais ce n'est encore rien face à l'enfer du combat naval, durant lequel les artilleurs ont les yeux attaqués par la fumée âcre du tir. Ils sont rendus sourds par la canonnade, ne sentant plus que les coups de trique du maître canonnier qui réveillent les traînards pétrifiés de terreur. Lorsque la bordée adverse perfore l'épais bordé du navire de guerre, des morceaux de bois gros comme un homme fauchent l'entrepont, arrachant bras et jambes sur leur passage. Le pont se couvre de sang, si bien qu'il faut le sabler pour éviter de glisser. Le sang s'écoule à gros bouillon le long de la coque du navire pour teinter la mer de noir et rouge a plusieurs dizaines de mètres à la ronde.



Les Caraïbes

Les îles de la mer des Caraïbes ne présentent pas d'intérêt en soi pour les colons, car les ressources y sont rares, à l'exception de l'eau douce. Elles font donc néanmoins d'excellents relais entre le Nouveau Monde et l'Ancien. Les Espagnols y laissent de temps en temps quelques colons qui construisent des ports, puis des villes.

Cependant, toutes ces dizaines de millions de pièces de huit qui transistent par les Caraïbes ne peuvent laisser froids les aventuriers : flibustiers ou pirates. Ceux-ci peuvent facilement se cacher dans les petits archipels d'îles minuscules, entre lesquelles la mer est trop peu profonde pour laisser passer les navires de guerre. Ces petites îles, appelées cayes, les cachent au regard de leurs ennemis et leur permettent de tendre des embuscades. C'est ici aussi, en abattant le navire en carène sur le sable, qu'ils nettoient la coque des coquillages, des algues et des vers qui la recouvrent et la rongent.



Les Aventuriers